ARTICLE OUEST FRANCE DU 22 FEVRIER 2020
Communes et intercommunalités sont en première ligne
pour lutter contre un dérèglement climatique irréversible. Un élu, rassembleur,
peut agir sur près de 70 % des gaz à effet de serre émis sur son territoire.
Montée des eaux, chaleur extrême, pluies violentes… le
dérèglement climatique s’observe désormais partout en France. Pour inverser la
tendance, ce mandat 2020-2026 doit être celui de l’action pour
réduire nos émissions de gaz à effet de serre, décarboner nos vies ,
insiste Pierre Cannet, spécialiste climat, de l’organisation WWF.
Les communes et intercommunalités ont un rôle crucial
à jouer. Elles ont la main sur les gros postes émetteurs de carbone :
transports, bâtiments, énergie… Elles sont directement à l’origine de 15 %
des émissions sur leur territoire. Le taux monte à 70 % si l’on tient
compte des usines, des déplacements vers les métropoles et leurs activités.
Rénover les
bâtiments
Les émissions de gaz à effet de serre (GES) de nos
logements et bureaux dépassent de 14,5 % le plafond que la France s’est
fixé en 2015. Le vieux bâti, un charme français, est énergivore. Et grève le
budget des communes : 10 % consacré à l’énergie en moyenne. Une ville
alsacienne, Saint-Louis, a pris cette rénovation thermique en main. Elle a
signé un programme innovant avec la CDC-Banque des Territoires, pour financer
le passage de quinze sites municipaux (écoles, salles culturelles…) en basse
consommation. La banque se rembourse sur les économies d’énergie.
Un maire ne peut rien faire pour les logements
sociaux ? Le privé ? Vrai et faux à la fois. Il peut choisir son
bailleur, retoquer des projets. Jouer les facilitateurs.
Zéro
artificialisation des terres
Qu’il est beau mon projet immobilier, commercial ou de
loisirs ? S’il empiète sur des terres agricoles ou sur l’un des derniers
poumons verts d’une ville, il nuira à une biodiversité déjà mal en point.
L’étalement des lotissements, en milieu rural, supprime aussi des espaces
verts, pièges à carbone.
Miser sur
l’électrique, sortir du tout voiture
45 % de l’énergie consommée en France vient du pétrole, ce qui génère un tiers des émissions polluantes. La problématique du transport n’est pas la même pour les villes et les communes rurales. Les premières développeront le vélo, la marche à pied, les transports en commun.
Les communes rurales ne manquent pas d’idées :
partage de voitures électriques, auto-stop moderne, ligne de car à hydrogène,
renouveau des lignes ferroviaires secondaires… Là, il faudra convaincre la
Région.
Sobriété
heureuse
« Les
habitants qui partagent leur perceuse ou leur taille-haie et fabriquent leurs
produits d’entretien, font tous des économies », a
calculé la Fabrique écologique. Et évitent la production d’un tas d’émissions
carbone et de rejets polluants dans les sols. Qui a un atelier et une
outil-thèque sur son programme ?
Des usines
à chaleur
L’indépendance énergétique, c’est du gagnant-gagnant.
Un exemple à Grande-Synthe, près de Dunkerque, où l’ancien maire écologiste,
Damien Careme, a noué un partenariat intelligent avec Arcelor-Mittal. L’énergie
des hauts-fourneaux alimente le réseau de chaleur de la
ville. Coûteux au départ, gagnant dès le court terme .
Manger
sain, acheter local
À compter de 2022, les collectivités auront
l’obligation de servir du bio dans les cantines. C’est l’occasion pour les
villes de retrouver le goût de la production locale. La commande publique est
un levier pour acheter près de soi.
Un budget
vert
Financer sa transition écologique en confiant l’argent
de la commune à une banque qui investit dans le pétrole par ailleurs ?
Contre-productif. Les émissions n’ont pas de frontière.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Nous vous remercions de nous faire part de vos réactions.
Elles seront publiées après modération.